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22 avril 2006

Maroc: Où en est-on de la vocation agricole ?

titre11Des années durant, l’agriculture, qualifiée de secteur clé de l’économie nationale, faisait que le Maroc était considéré comme étant un pays à vocation agricole.          

Depuis quelque temps, certaines voix s’élèvent et crient haut et fort à ceux qui veulent l’entendre que le Maroc est plutôt un pays rural dont l’activité de la population est essentiellement agricole.

Est-ce à dire qu’entre-temps, le Maroc a perdu sa vocation et par ricochet les lourds investissements et infrastructures de base qu’il a consentis pour consacrer cette orientation ?

D’aucuns n’ignorent que cette assertion prête à nuances et son affirmation n’est nullement dénouée d’intérêt.

Sous d’autres cieux, cette idée ou ce revirement d’idées aurait suscité des débats animés voire, houleux.

Au Maroc, le temps défile, les concepts se substituent les uns aux autres sans que cela ne génère la moindre réaction et/ ou explication.

La sécurité alimentaire jette des zones d’ombre sur l’autosuffisance alimentaire et la fameuse stratégie 2020, censée pourtant procurer un développement harmonieux et intégré du monde rural, engloutit le tout et laisse le simple agriculteur ou rural, comme préfèrent certains, à l’expectative.

Ceci pour dire que de stratégie en stratégie, de concept en concept, le simple homme du terroir perd son cheptel, sa terre, sa vocation, voire même sa raison d’être.

Renvoyer en des termes, ô combien trop savants, le simple rural à l’horizon 2020, alors qu’il ne sait même pas de quoi son lendemain sera fait, relève quelque part d’une réelle méconnaissance des réalités du monde rural.

Le simple agriculteur qui, jusqu’à une date récente, bon an mal an, voyait en le Crédit Agricole son seul et unique allié en matière de financement, éprouve encore des difficultés à assimiler le package que celui-ci lui vend moyennant une sorte de reconversion de ses spéculations.

Cette petite "aventure" n’est pas sans lui rappeler d’anciennes pratiques du Crédit Agricole qui, avant d’octroyer un quelconque crédit était bien obligé de souscrire aux agriculteurs éligibles, la célèbre assurance anti-sécheresse. Quoi de plus normal, le monde rural est dans sa grande majorité sous-capitalisé et les autres banques commerciales ne veulent pas financer un secteur à risques.

Viabilité de la caisse, diront certains. Vente forcée, diront d’autres.

Ceci n’est pas sans nous rappeler le discours de l’un des récents directeurs de la CNCA qui se prononçait en des termes à peine voilés :"Si le gouvernement veut soutenir le monde rural et/ ou éponger les dettes de ses agriculteurs, il n’a qu’à se donner les moyens de sa politique."

Venant d’une institution censée jouer la proximité au niveau du monde rural, ce message est certes direct, mais a au moins le mérite d’être franc vis-à-vis de ceux qui, de par leurs attributions, sont censées décliner la politique des pouvoirs publics en matière de développement du monde rural.

Ceci n’est pas sans nous rappeler, toujours dans le même contexte, bien d’autres anecdotes.

Au lendemain du lancement des mesures relatives à une campagne agricole, une délégation ministérielle est "descendue au terrain" pour s’enquérir de l’impact de ces mesures sur le moral des agriculteurs.

Grande fut leur surprise quand ils apprirent, et pour la première fois, de la bouche du responsable de FERTIMA, que quoique le phosphate est un produit national, les engrais reviennent trop chers,et ce, pour la simple raison qu’ils sont essentiellement à base d’azote, un produit importé au prix fort de l’extérieur.

Idem, lorsqu’ils apprirent que la baisse des prix de semences annoncée en tant que mesure incitative au lancement de la campagne agricole, n’était pas assimilée en tant que telle, mais plutôt comme une sorte de compensation dans la mesure où la SONACOS a remplacé les sacs de semences en "toile" par des sacs en plastique.

Pour la SONACOS, sans recourir à ces procédés, il n’aurait jamais été possible, équilibres financiers obligent, de procéder à la baisse telle qu’annoncée par le département de tutelle à la veille du lancement de la campagne agricole.

Et pourtant, les responsables de l’époque répétaient en chœur les vertus de la politique volontariste soubassée par une démarche participative.

Depuis beaucoup de choses ont changé, y compris la donne internationale.

Entre-temps, l’Europe des 25 a renforcé sa politique agricole commune et le Maroc a signé un accord de libre-échange avec les USA.

Désormais, c’est en ces termes que doit être redéfinie la vocation agricole du Maroc.

Pour rappel, dans une première phase, les USA, en vertu de cet accord, volet agricole, offrent un délai de grâce au Maroc. Le temps que les autorités marocaines procèdent à la restructuration-refonte de leur agriculture.

Depuis, le temps presse et les impératifs de mise à niveau bousculent les vieilles habitudes.

Pour conserver ses parts de marché, à l’export surtout, l’agriculture marocaine se doit de faire de considérables efforts de réadaptation.

Les impératifs de la libéralisation pressent aussi. Et dans de pareilles circonstances, la question qui se pose est de savoir comment gérer cette période de transition vers une économie plus ouverte pour aboutir in fine à une sorte d’équité sociale qui prendrait de manière équilibrée les intérêts des uns et des autres.

Partant de là, la concertation, la transparence, la bonne gouvernance sont autant d’éléments nécessaires à l’aboutissement d’une telle dynamique.

Le pire à craindre est que cette libéralisation s’accompagne d’une exclusion d’une large frange de la population qui, de ce fait, se trouverait à la marge et viendrait, à défaut de mesures compensatoires, gonfler les rangs des citadins déjà oisifs. Est-il besoin de rappeler à ce niveau, les retombées sociales, tant douloureuses, de la politique d’ajustement structurel ?

Juguler ce genre de retombées, nécessite un certain nombre de préalables dont, entre autres, un système efficace de prix (produits et intrants agricoles), des organisations professionnelles présentes et représentatives, de bonnes infrastructures de base...

De l’avis de nombreux spécialistes, le but de toute stratégie du genre doit non seulement se traduire par une baisse des coûts de production mais aussi par une amélioration des ressources des agriculteurs.

Laquelle amélioration se répercuterait sur le quotidien des ruraux et, à terme, aboutirait à une meilleure intégration entre marché domestique et marché extérieur.

         

L'Opinion - N. BATIJE

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