Bouteflika, c'est le prix fixe
Bouteflika, c'est le prix fixe. Il veut décider pour tout le
monde. Faire de son pays le leader de la région. C'est son droit de le
vouloir. C'est le droit du Maroc de ne pas l'accepter.
Recevant, lundi 10 avril, Philippe
Douste-Blazy, ministre français des Affaires étrangères, le président
Bouteflika n'a pu s'empêcher de «sortir tout ce qu'il avait sur le
cœur»(*). Dans l'ordre : la loi sur les bienfaits de la colonisation ;
les visas délivrés au compte-gouttes et «le soutien constant affiché
par Paris au Maroc, notamment (mais pas seulement, ndlr) dans le
dossier du
Sahara occidental, [qui] n'est pas acceptable».
En vérité, le fait que le président Bouteflika nourrit autant
de haine à l'égard du Maroc laisse perplexe. Plus que n'importe
lequel de ses prédécesseurs, l'actuel président de l'Algérie
a fait du Maroc une composante prioritaire de sa politique étrangère.
Cette constance dans la nuisance, ajoutée à l'agressivité des
propos et des prises de position, ne laissent pas place au doute : Bouteflika
fait une fixation sur le Maroc. Notre pays l'obsède. On n'est pas dans
le registre de la rivalité régionale ou de la compétition
entre deux pays. Non, on a l'impression que Bouteflika a un compte à régler
avec notre pays. D'ailleurs, tout en soutenant le « droit à l'autodétermination
du peuple sahraoui », il n'a pas hésité à proposer,
par écrit, au secrétaire général de l'ONU, la partition
du Sahara, avec le Polisario d'un côté et le rattachement au Maroc
de l'autre.
Le contexte international a aujourd'hui considérablement changé.
Ce n'est plus celui des années 80 ou 70. On ne pèse plus sur les événements
régionaux ou internationaux par le verbe. Il faut avoir les moyens de
son ambition.
L'hyperpuissance américaine considère qu'il est important, pour
l'équilibre géostratégique mondial, de disposer de relais
régionaux puissants. Et l'Algérie a clairement envie de jouer ce
rôle. Cette volonté de devenir l'interlocuteur privilégié des
Américains, ce désir de puissance, expliquent les achats massifs
d'armement de la part d'un pays que personne ne menace mais qui s'arrange pour
entretenir des relations tendues avec tous ses voisins.
La région du Maghreb a aujourd'hui un problème : la volonté algérienne
de domination, servie par l'envolée des cours des hydrocarbures. Aujourd'hui,
Alger ne discute plus avec ses partenaires, mais veut imposer ses choix. Bouteflika,
c'est le prix fixe. Il veut décider pour tout le monde. Faire de son pays
le leader de la région. C'est son droit de le vouloir. C'est le droit
du Maroc de ne pas l'accepter.