Le Maroc sera doté d'un pôle industriel de haute technologie
Il sera dédié à la nanotechnologie, la micro-technologie et la biotechnologie.
Le projet de doter le Maroc d'un pôle industriel de haute technologie,
plus précisément un pôle de développement dédié à la nanotechnologie,
la micro-technologie et la biotechnologie fait son chemin. Les contours
de ce projet ambitieux se dessinent actuellement, comme l'ont montré
les participants à une rencontre à ce sujet qui a eu lieu vendredi à
Rabat, entre de grands groupes industriels nationaux et internationaux,
chercheurs et universitaires, et des bailleurs de fonds internationaux.
Il s'agit notamment de Safran, Valeo et ST micro-electronics, la CDG,
les principales banques de la place ainsi que des sociétés de
capital-risque, le Trésor et des bailleurs de fonds internationaux (SFI
et BEI).
Il est à préciser que la nanotechnologie, qui fait partie des
technologies de l'avenir, consiste à élaborer des mécanismes de la
taille du nanomètre, c'est-à-dire proche de celle de l'atome. Elle
concerne l'élaboration et la production de matériaux, d'objets ou de
machines mesurant moins de 100 nanomètres (un nanomètre = 1
milliardième de mètre).
Ce projet repose notamment sur les MRE, opérateurs économiques dans des
activités à haute valeur ajoutée ou chercheurs universitaires de haut
niveau, basés un peu partout dans le monde. Le ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau de l'économie a entamé
depuis déjà un an un programme pour démarcher ces chefs d'entreprises
qui ont des clients parmi les grands groupes mondiaux pour les mettre à
contribution dans la mise en place de ce pôle industriel d'avant-garde.
Car, selon Karim Taghi, chef du cabinet du ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Mise à niveau de l'économie, et porteur de ce projet,
avant de passer à la phase de créer une entreprise et de commencer à
produire, il faudra au préalable connaître les besoins du marché.
En d'autres termes, il faut associer la recherche, la formation et
l'industrie pour réduire le fossé entre les deux mondes et pour que les
projets donnent lieu à des produits vendables.
L'objectif étant d'arriver à proposer une offre au label marocain dans
ces secteurs à haute valeur ajoutée. «C'est une première mondiale qu'un
pays en voie de développement initie une telle approche. En effet,
quand on évoque ces secteurs, on pense automatiquement aux pays en
développement», a fait valoir M. Taghi, dans une déclaration au Matin,
en insistant toutefois sur la notion du temps. «Si dans deux ans, le
Maroc ne fait rien pour se positionner dans ces activités en attirant
ces opérateurs, ce sera déjà trop tard et cette fenêtre sera ratée».
Se voulant rassurant, M. Taghi a affirmé que la route est balisée pour
la mise en place de ce pôle, qui constitue un prolongement du programme
Emergence redéfinissant la politique industrielle du Royaume, selon le
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau de
l'économie, Salaheddine Mezouar, qui a ouvert les travaux de ladite
rencontre.
La dernière phase qui reste pour la mise en place de ce projet est de
boucler le montage financier. Et ce sera l'objet de la prochaine
rencontre qui aura lieu en juillet prochain.
Ce centre technologique sera basé au Technopolis (Rabat-Salé) qui a
déjà sa propre stratégie pour attirer des investisseurs étrangers.
En plus du pôle industriel, ce centre sera également doté d'un pôle dédié à la formation.
Il est à signaler à ce sujet que le département de l'Industrie et le
ministère de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur se
penchent actuellement sur un projet visant la formation de 10.000
ingénieurs par an à l'horizon 2010.
Par ailleurs, ce projet est qualifié de prometteur, selon les
participants à cette journée de réflexion, organisée par les deux
départements.
Ils estiment que l'implantation d'un pareil pôle industriel au Maroc
permettra au Royaume de passer à la vitesse supérieure dans son ancrage
à la donne économique internationale marquée par la prédominance de la
nouvelle technologie.
Surtout que des investisseurs internationaux projettent d'investir dans
ces domaines au Royaume, selon M. Mezouar. "Du Japon, des Etats-Unis,
du Canada, d'Europe continentale, ils sont des dizaines à avoir
manifesté leur intérêt pour la réalisation de projets au Maroc", a-t-il
précisé.
Toutefois, a-t-il nuancé, un tel projet ne verra le jour qu'avec "un
partenariat ambitieux et étroit entre l'industrie, la recherche et
l'université". Un partenariat d'autant plus souhaitable que,
souligne-t-il, "le Maroc dispose d'un formidable gisement à mobiliser"
et que "la mise en place de ce pôle industriel de haute technologie
permettra de dynamiser les compétences locales, que ce soit dans la
recherche ou la formation".
Lahcen Oudoud | LE MATIN