Alerte au sucre marocain
La différence de prix des deux côtés de la frontière explique l’engouement des trabendistes pour ce trafic.
Les
Douanes algériennes ont démantelé une filière de contrebande
spécialisée dans le sucre à Maghnia. Des dizaines de tonnes de sucre en
provenance du Maroc ont été saisies. Les éléments des douanes ont mis
au jour des entrepôts clandestins où étaient stockées ces énormes
quantités de sucre.
Au-delà de la contrebande frontalière contre
laquelle luttent les différents services de sécurité, la saisie de la
semaine dernière pose un sérieux problème. En effet, à la même période
et dans la même région, les services de la Gendarmerie nationale ont
saisi des quantités, certes minimes, de sucre destiné au marché
marocain.
Selon des informations crédibles, ce changement des
contrebandiers est induit par deux paramètres essentiels, à savoir le
coût de revient du sucre marocain nettement inférieur aux prix
pratiqués sur le marché algérien. D’un autre côté, le sucre demeure
l’un des rares produits encore subventionnés par le Maroc.
Depuis
l’entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’Union européenne
et l’importation massive du premier contingent de sucre évalué à 150
000 tonnes, paradoxalement les prix ont connu une hausse vertigineuse.
Les prix ont, en effet, été multipliés par deux. Effectivement, selon
ces sources, le sucre marocain revient à 40 dinars sur le marché
algérien, ce qui a constitué l’appât des contrebandiers frontaliers.
Dans
le lot des saisies, les douaniers ont trouvé de la farine destinée au
marché marocain. Les autorités marocaines plus promptes à fermer les
yeux sur le trafic pour calmer les ardeurs revendicatrices des
populations des frontières ont réagi avec célérité quand il s’est agi
du sucre. Plusieurs commerçants de la bande frontalière, des Oujdis,
ont été interpellés. Une des plus grandes unités de raffinage de sucre
est installée dans cette région du royaume.
Selon nos sources, le
sucre marocain intercepté et saisi pourrait être nocif pour la santé.
Mais, la contrebande ne recule devant rien. Le prix de gros du sucre
troqué avec les Marocains est nettement inférieur à celui pratiqué par
les commerçants algériens avec la bénédiction de la spéculation.
La
contrebande à l’est du pays pourrait aisément se comprendre, les
quantités saisies faisant preuve, étant donné la qualité du sucre
algérien. Les multiples saisies opérées par les garde-frontières et les
brigades de Gendarmerie nationale dans les villes limitrophes de
Tunisie sont intervenues dans les mois qui ont suivi l’entrée en
vigueur de l’accord d’association avec l’UE qui a connu une vague
d’importation de sucre ; le premier contingent annuel liquidé au
dernier trimestre de l’année 2005.
Malgré cette importation
massive, le prix du sucre a connu une hausse vertigineuse qui a eu un
impact sur le prix des produits dont la fabrication nécessite le sucre.
C’est à ce niveau que se comprend l’option pour le sucre, alors
qu’il n’avait jamais figuré dans “la nomenclature” des saisies des
services concernés. Malgré la qualité douteuse du produit, il était
certain qu’il serait écoulé étant donné les prix dissuasifs pratiqués
sur le sucre local ou d’importation à travers les différentes “astuces”
des spéculateurs. La crainte de la poursuite de la hausse pourrait être
derrière l’affût des trafiquants sur ce produit.
http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=59589