Un film et une conversion : L'Europe commence-t-elle à "résister" ?
Article paru sur Alterinfo
Il y a un peu plus de deux mois, une émission
de radio Courtoisie, la radio de la pensée pas franchement antiraciste en
France, présentait un livre intitulé « L’assaut sur l’Occident
Chrétien ». Les intervenants parlaient de la nécessité d’organiser des
actions de « résistance »
en France contre l’invasion islamique, contre ce péril ou ce virus vert qui
menace la France
Selon ces intervenants, ce souci de
« résistance » ne concernait pas que les auditeurs traditionnels de la
radio, mais était aussi partagé par quelques « grandes familles juives
françaises ». Et voilà qu’un grand journal israélien
« Le Jérusalem Post », sous
la plume d’un célèbre journaliste sioniste étasunien, Daniel Pipes, appelle de
ses vœux cette « résistance » en Europe et se réjouit des signes qui
montrent que les « Européens
indigènes » commencent à s’impatienter et à mener des vraies actions de
« résistance ».
Pipes
met l’accent sur deux événements spectaculaires qui montrent que cette
« résistance » est en marche : La sortie du film
« Fitna » de Geert Wilders, un député néerlandais d’extrême droite, un
film destiné à diaboliser par des images chocs et des versets coraniques hors
contexte. Et surtout le baptême célébré en grande pompe par le Pape Benoit XVI
en personne, de Magdi Allam, un journaliste italien d’origine égyptienne,
né
musulman, et qui s’est converti au Catholicisme. Ce journaliste s’est illustré
par des articles violents contre l’Islam et les
musulmans.
Imaginez un instant que la
personne convertie soit un Juif aux écrits farouchement antisionistes, quelqu’un
de ceux que les sionistes traitent comme un Juif ayant la haine de soi. Est-ce
que le Pape va célébrer son baptême devant toutes les caméras ? Et quelle
serait la réaction de ces sionistes ? Et si en plus ce converti avait de la
haine contre les Juifs et le Judaïsme ? Imaginez le tollé mondial
! Finalement, l’auteur n’oublie surtout pas de
souligner l’essentiel. C’est que ce qui relie ces deux personnes, en plus de
leur haine de l’Islam, c’est leur amitié
pour Israël et les Juifs. Magdi Allam est notamment l’auteur d’un livre en
italien intitulé « Viva
Israele ». Nous voilà donc devant une alliance
contre-nature. Voilà les descendants des ennemis d’hier : des Juifs
sionistes pour qui les Juifs avaient une vie de misère matérielle et morale en
Europe, des Européens de la droite et de l’extrême droite racistes et jadis
notoirement antisémites, et des représentants du Vatican qui, jusqu’à 1965 et le
concile du Vatican II, considérait les Juifs comme responsables des malheurs qui
s’étaient abattus sur le Christ et les présentait comme le « peuple
déicide », les voilà tous unis devant un ennemi imaginaire et entièrement
fabriqué, qu’est l’Islam, contre lequel ils appellent à lancer ces actions de
« résistance » Et ils « résistent » contre quoi en
fait ? Mais contre rien du tout. Que des phénomènes humains qui nécessitent
tout simplement des efforts de dialogue, de compréhension et de compromis
mutuels, des réponses adéquates, raisonnées et de bon sens aux questions
précises, au lieu d’imaginer des fantômes inexistants et d’en tomber
malades. Heureusement,
cet ennemi n’existe que dans leurs têtes, et l’écrasante majorité des Européens
et même de l’ensemble des êtres humains, quelque soient leurs
confessions, ne sont pas dupes. L’échange et le mélange culturel et
ethnique ont déjà commencé. Les gens se rencontrent, se connaissent et se
reconnaissent. Et tôt ou tard, cette campagne de haine se retournera contre ses
auteurs, et cette alliance artificielle finira par imploser. Ces gens là le
savent très bien et cela ne fait que les énerver de plus en plus.