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Maghreb Actualité
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3 mai 2006

Records battus !

Que ce soit en Algérie, au Maroc ou en Tunisie, jamais les voitures neuves ne se sont autant vendues. Trois marchés que les grands constructeurs voient désormais sous un nouveau jour.

« Est-ce l’embellie cent fois annoncée, cent fois différée ? L’art divinatoire reste hasardeux quand il s’attaque aux prédictions économiques. Mais l’Algérie, le Maroc et la Tunisie ont chacun battu en 2005 leur record de ventes d’automobiles neuves. Et il ne saurait s’agir d’une coïncidence, dans la mesure où ces résultats venaient confirmer la hausse constatée les années précédentes dans ces trois pays. Le phénomène est-il durable ? « A priori oui, répond Olivier Malavaux, responsable de la zone Maghreb chez Peugeot. Tous nos indicateurs macroéconomiques sont au vert dans ces trois pays. » Même sentiment exprimé par Gilles Moncond’huy, directeur commercial de Renault pour la région Euromed : « L’environnement politique est stable. La hausse des hydrocarbures favorise l’économie algérienne. Le marché marocain est tiré vers le haut par le succès de la Dacia Logan. Dans ces conditions, les records de ventes pourraient à nouveau être battus en 2006 au Maroc et en Tunisie. Je suis plus réservé quant à l’Algérie. Car l’arrêt des crédits à la consommation automobile risque de perturber le marché du neuf durant le premier semestre. Passé ce cap, la croissance devrait reprendre. »

Il est un facteur supplémentaire à la bonne tenue de ces marchés automobiles : l’offensive menée par les constructeurs asiatiques, Toyota et Hyundai en tête. Sans compter le japonais Suzuki, très présent sur l’ensemble du continent et qui cherche à renforcer son implantation au Maghreb. Pour l’instant, la Tunisie n’est pas concernée. Pour une raison bien spécifique : l’importation de voitures neuves est contrôlée par les autorités, et une « taxe à la consommation » pénalise tous les véhicules de plus de 4 chevaux fiscaux lors de leur commercialisation sur le sol tunisien. « La Tunisie signe à deux mains tous les accords de libre-échange, commente un observateur, mais les assortit de clauses restrictives… » Chaque année, les constructeurs négocient avec le gouvernement tunisien des quotas d’importation, au prorata des investissements qu’ils réalisent dans le pays. Notamment sous forme d’achat de pièces détachées, la Tunisie faisant en sorte de favoriser l’éclosion d’une industrie de sous-traitance automobile qui emploie aujourd’hui 25 000 personnes.

 

Tunisie : les jeux sont faits

Mais les constructeurs asiatiques rechignent à faire appel aux équipementiers installés en Tunisie. Lors de la distribution des quotas, ils sont donc rarement servis les premiers. Sur un marché de 32 000 véhicules neufs en 2005, en hausse de 11 % par rapport à 2004, seuls Isuzu (7e) et Toyota (9e) se hissent dans le classement des dix premiers constructeurs. Et ils cèdent tous deux du terrain : ventes en retrait de 47 % pour Isuzu, de 4 % pour Toyota. Ce qui fait le bonheur de Renault et Peugeot, solidement installés en tête de peloton : 8 584 ventes pour Renault, 5 975 pour Peugeot, qui progresse de 1 000 unités par an depuis 2003. Pour 2006, les jeux sont déjà faits, à en croire le quotidien arabophone Essabah, qui a dévoilé le détail des quotas d’importation alloués aux divers constructeurs. Sept d’entre eux se partagent l’essentiel d’un gâteau constitué par 34 000 véhicules. Renault est le mieux loti avec 8 000 voitures (dont 1 550 Clio 4 CV). Peugeot et Citroën ne sont pas à plaindre, avec un total de 7 500 véhicules importés pour les deux marques du groupe PSA. Le groupe Volkswagen non plus : 5 200 VW et Audi. Viennent ensuite Fiat (3 700), Ford (2 700), et General Motors (1 500 Opel et Chevrolet). À l’autre bout de la table, BMW (200 voitures) et Toyota (140) se contenteront d’une portion congrue. Basé sur un échange de bons procédés, le marché tunisien gagnerait à mettre un peu d’huile dans ses rouages, car la règle des 4 CV fiscaux le fige dans une époque bientôt révolue. Il n’existe pas de nouvelles Renault Clio ou Peugeot 207 à moins de 5 CV fiscaux… Pas plus que de Dacia Logan, voiture à bas prix qui fait de surcroît appel aux équipementiers tunisiens.

 

Algérie : les françaises reculent

L’essor des constructeurs asiatiques au Maghreb est surtout perceptible en Algérie, marché de libre concurrence où les marques françaises ne disposent pas, comme au Maroc, d’unités de montage. Sur un marché en très forte progression (presque deux fois plus de véhicules neufs vendus en 2005 par rapport à 2003), Hyundai et Toyota ont accédé cette année aux deux premiers rangs, positions jusqu’alors détenues par Renault et Peugeot. Les trois ?modèles les plus diffusés en 2005 en Algérie viennent d’Asie : Toyota Hilux, Hyundai Atos, Hyundai Accent. Même si les ventes du pick-up Hilux ont été dopées par une intervention du gouvernement algérien en faveur du monde agricole, cette hiérarchie reflète les goûts du public algérien pour les 4x4 (Hilux), les petits modèles à bas prix (Atos) et les berlines familiales tricorps (Accent). En même temps qu’elle souligne les faiblesses des constructeurs français, quasi absents sur les trois segments les plus porteurs du marché algérien : pas de petits modèles ni de 4x4, juste des Clio et des Mégane trois volumes chez Renault.

La sanction est sévère : sur les douze premiers acteurs du marché algérien, seules les marques françaises affichent des résultats en baisse. Alors que Hyundai progressait de 50 %, Peugeot a reculé de 24 %, Renault de 29 % et Citroën de 22 %. Peugeot, leader en Algérie de 2000 à 2003, a toutefois de bonnes raisons de croire en des jours meilleurs dès cette année avec la commercialisation de la 206 Sedan à carrosserie tricorps, fabriquée en Iran. Mais pourquoi vient-elle si tard ? Et Renault se console avec le succès de sa filiale Dacia, qui accède cette année au classement des dix premières marques, notamment grâce à la Logan (2 819 ventes en huit mois de commercialisation).

Le marché algérien n’a pas connu une croissance harmonieuse en 2005 : 75 000 ventes lors du premier semestre, 57 000 lors du second. Ce ralentissement est dû à deux facteurs. Primo, la fin des crédits à la consommation de la Caisse nationale d’épargne populaire (Cnep), réorientés vers l’immobilier après avoir soutenu pendant deux ans les achats automobiles. Secundo, la décision prise en septembre dernier par le gouvernement d’interdire l’importation de véhicules d’occasion de moins de trois ans. Cette mesure, souhaitée par les importateurs, est destinée à favoriser les ventes de voitures neuves. Son premier effet a été pervers : certains constructeurs, notamment Renault, ont fait entrer en Algérie des flots de voitures d’occasion de moins de trois ans juste avant septembre dernier, afin de constituer des stocks… qui perturbent aujourd’hui un marché du neuf en repli de 10 % sur les trois premiers mois de l’année. Bientôt, les stocks s’épuiseront, des organismes de crédit prendront le relais de la Cnep. Ce n’est donc pas sur le nombre des ventes totales sur l’année 2006 qu’il conviendra de juger la santé du marché algérien, mais sur son comportement lors du second semestre. Il n’est aucune raison de verser dans le pessimisme, surtout si le prix du baril de pétrole poursuit son ascension. Car l’Algérie touche les fruits de l’ouverture de son économie : plus de quarante constructeurs, dont la marque chinoise Geely, se disputent le plus important marché automobile du Maghreb. Et contribuent ainsi à son dynamisme.

 

Maroc : la Logan tire le marché

Le doux vent de la croissance a également porté le marché marocain vers des sommets qu’il n’avait jamais atteints : 64 000 véhicules vendus, soit 18 % de plus qu’en 2004. Le Maroc est une économie ouverte, à ceci près que les véhicules importés en pièces détachées, puis assemblés à Casablanca par la Somaca, bénéficient d’un régime fiscal particulier. Il est donc logique que Renault, Peugeot et Citroën, les trois constructeurs qui utilisent les services de la Somaca, occupent ici des positions fortes. Mais au fur et à mesure que le Maroc abaisse ses barrières douanières, conformément aux accords de libre-échange passés avec la Communauté européenne, la part des voitures importées ne cesse de croître. Voilà dix ans, les deux tiers des véhicules neufs vendus au Maroc sortaient de la Somaca. Ce pourcentage est tombé à 29 % en 2006. Dès lors, même si Renault et Peugeot restent en haut du tableau, les constructeurs asiatiques poussent leurs pions. Notamment Toyota et Hyundai, qui occupaient respectivement en 2005 les 3e et 6e positions au classement des marques. Signe du rééquilibrage du marché marocain, Peugeot a vendu en 2005 au Maroc davantage de voitures importées (5 749) que de modèles assemblés à Casablanca (4 783).

La Dacia Logan, arrivée mi-2005 sur les chaînes de la Somaca, donne maintenant sa pleine mesure puisqu’elle a reçu en janvier le moteur Diesel qui assure 70 % de ses ventes. Depuis, avec 3 420 ventes sur le premier trimestre 2006, la Logan n’est pas seulement la voiture la plus vendue au Maroc. Elle permet aussi à la marque Dacia, avec un seul modèle en magasin, d’accéder au rang de premier constructeur ! De fait, c’est tout le marché marocain qui est tiré vers le haut par cette familiale à petit prix : + 40 % sur les trois premiers mois de l’année, et + 5 % hors Logan.

Les trois pays du Maghreb présentent donc un visage différent aux constructeurs automobiles : un marché contrôlé, la Tunisie ; un marché libre, l’Algérie ; un marché en voie d’ouverture, le Maroc, mais qui protège encore sa production locale. En revanche, les goûts y sont les mêmes : les petites voitures à bas prix, les 4x4, les berlines familiales tricorps. Peu de monospaces ou de breaks en revanche, carrosseries qui font pourtant fureur de l’autre côté de la Méditerranée. Dès lors, les constructeurs européens devront sans doute céder quelques points de pénétration à leurs rivaux asiatiques dans les années à venir. Renault, via Dacia, a toutefois une belle carte à jouer. La Logan réunit en effet deux arguments de poids : petit prix, familiale tricorps. Et sa déclinaison utilitaire pick-up, prévue pour 2007, est attendue avec impatience au Maghreb.

Jeune Afrique

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