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22 avril 2006

L’agriculture, épine dorsale de l’économie marocaine

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Oliveraie dans la région de Meknes

L’agriculture est un secteur majeur de l’économie marocaine. Le niveau de son « état de santé » se répercute majestueusement sur le taux de croissance du PIB (Produit Intérieur Brut).

Ce taux, selon les prévisions du Haut Commissariat au Plan, serait en hausse d’environ 5% en 2006 sous l’hypothèse justement d’une campagne céréalière moyenne et aussi d’un prix de pétrole fixé à environ 61 dollars le baril. Pour la première hypothèse, les importantes chutes pluviométriques enregistrées cette année auront certainement des retombées positives sur l’actuelle campagne agricole.

Par contre, la seconde hypothèse n’est pas actuellement maintenue puisque le prix du pétrole vient de franchir, à l’échelle mondiale, la barre des 70 dollars. Cela dit, le sort de la croissance au Maroc, pour cette année, dépendra désormais, et en grande partie, de la première hypothèse. D’où l’importance du secteur agricole. Ceci nous amène à évoquer la campagne agricole 2005/2006. Une campagne qui serait record même s’elle a démarré tardivement. Selon le Haut Commissariat au Plan (HCP), le cumul pluviométrique au niveau national a atteint, jusqu’à fin novembre 2005, 70 mm, en baisse de près de 44% par rapport à la même période de la campagne antérieure.

Parallèlement, les superficies  semées ont accusé un repli de l’ordre de 36%.

Le retour des pluies en décembre a permis toutefois, selon le HCP, de rattraper le retard en travaux de sol. Conséquence : nette amélioration des superficies semées. Et la même source d’ajouter que les perspectives laissent présager une campagne agricole légèrement supérieure à la moyenne des dix dernières années, sous l’hypothèse d’une pluviométrie normalement répartie durant le premier trimestre 2006.

Au département de l’Agriculture, tous les ingrédients d’une bonne saison agricole sont en effet réunis. Avec les précipitations de ces derniers temps, tous laisse penser que la barre des 70 millions de quintaux sera atteinte, soit une hausse de 10 millions de quintaux par rapport à la précédente campagne agricole.

Une bonne récolte s’explique, entre autres, par le taux de remplissage des barrages. Celui-ci a passé de 58 à 63%.

Au 3 avril dernier, le cumul pluviométrique moyen national a atteint 329 mm contre 294 mm enregistrés à la même date de la précédente campagne agricole.

Ce qui laisse également penser que l’actuelle campagne serait bonne et que la superficie totale semée en céréales d’autonome s’est élevée à 5,2 millions ha, soit une hausse de 2% par rapport à la campagne précédente et 4% par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes.

La répartition de cette superficie par espèce est de 1 million ha pour le blé dur, 2 millions ha pour le blé tendre et 2,2 millions ha pour l’orge.

Pour que l’actuelle campagne puisse se dérouler dans de bonnes conditions, des mesures ont été mises en place et concernent essentiellement l’amélioration de la productivité et de la qualité des produits végétaux, la sécurisation des récoltes, notamment par rapport à tout risque d’épidémie ou de maladie, l’aménagement des sols, le développement de l’arboriculture fruitière et le développement des filières animales. Cela dit, un programme d’intervention est élaboré, au fait, afin d’atténuer les impacts négatifs des conditions climatiques défavorables de la campagne agricole 2004-2005.

Une campagne où le cumul pluviométrique à l’échelle nationale n’a pas dépassé les 147 mm durant la première phase de la campagne. Bien plus, souligne le Haut Commissariat au Plan dans une note de conjoncture, le déficit hydrique s’est accompagné par une période de gel pendant les mois de janvier et de février.

Conséquence : baisse des rendements de la plupart des cultures agricoles. En revanche, ajoute-t-on de même source, la production animale aurait plutôt enregistré une croissance positive, profitant de la reconduction du programme de protection et de sauvegarde du cheptel.

Au niveau régional, l’incidence de la sécheresse était, en fait, variable selon trois groupes de régions, indique-t-on au ministère de tutelle.

Le premier groupe englobe les régions agricoles dont la céréaliculture d’automne n’a pâti que relativement au déficit hydrique. Ce groupe est localisé dans le Saïss, le Rif et le pré-Rif, Gharb et Loukkos. Ce groupe s’étend sur 28 % de la superficie globale semée.

Le deuxième groupe, quant à lui, englobe les régions ayant été pénalisées par le déficit hydrique : Zaër, Zemmour, la Basse-Chaouia, Doukkala-Abda, Ouardigha, Tadla, Chiadma-Haha, la région Nord-Est et Souss. Ce groupe s’étend sur une superficie de l’ordre de 31 % de la superficie globale semée.

Le dernier groupe est celui dont les céréales d’automne ont été perdues, faute de précipitations. C’est le cas essentiellement de la Haute Chaouia, Haouz, Rhamna, Tansift et la région Sud-Est. Ce groupe occupe 32 % de la superficie globale semée. Les conditions climatiques sévères ont influé alors, négativement, sur le rendement de la campagne céréalière de la saison agricole 2004-2005.

A noter que les années 1999 et 2000 ont été caractérisées par une forte sécheresse, qui, en faisant chuter le PIB agricole, a fait stagner l’économie marocaine. Ce qui confirme là aussi la place prépondérante qu’occupe le secteur agricole dans l’économie. Un secteur qui est le principal employeur du pays. Cela dit, ce sont essentiellement les agriculteurs et leurs familles qui seront davantage touchés en cas d’une éventuelle sécheresse.

A la lumière de ces données, il ressort que l’économie marocaine dépend fortement de l’agriculture. Un secteur qui n’arrive pas encore à décoller, et ce, pour plusieurs raisons.

Principales entraves au développement de l’agriculture.

La première est que le capital foncier est mal valorisé. Et pour cause, la complexité du statut juridique des terres. Le régime foncier au Maroc se caractérise par une diversité de statuts juridiques. C’est le cas d’abord de l’existence des terres « melk » appartenant à une ou plusieurs personnes qui en ont pleine jouissance.

C’est le cas, aussi, des terres collectives ou « terres Joumouâa » appartenant à la communauté ethnique. Elles sont inaliénables, mais peuvent être affectées (partagées en parts attribuées à des ayants droit) ou non affectées (exploitées pour le compte de toute la communauté).

C’est le cas également des terres « Guich », qui sont des terres de l’Etat, distribuées en contrepartie de services militaires rendus.

C’est le cas enfin des terres « Habous », qui sont des terres léguées par une personne au domaine des habous.

Une autre entrave au développement du secteur agricole au Maroc a trait à la rareté de la terre et au morcellement des exploitations. De l’avis des spécialistes en matière agricole, la rareté du foncier agricole explique d’ailleurs les prix observés à l’hectare, qui sont chers.

L’agriculture marocaine est également entravée par le faible niveau de scolarisation des agriculteurs en particulier, et la rareté de la main-d’œuvre en milieu rural en général.

Le degré d’utilisation de l’irrigation est, lui aussi, pointé du doigt. Ce système est peu utilisé en raison des coûts très élevés et de la rareté de la ressource en eau. En dépit des contre-performances, les experts dans le domaine agricole estiment que le Maroc offre pourtant des atouts : un terroir de qualité, un coût de main-d’œuvre très compétitif et un ensoleillement exceptionnel.

Quelques mesures pour faire décoller le secteur

D’ailleurs, des efforts se fournissent actuellement pour une mise à niveau globale de ce secteur, qui est une épine dorsale de l’économie marocaine.

Dans le cadre de la saison agricole 2005/2006, il est prévu ainsi la valorisation des ressources de base du secteur, en l’occurrence l’élément humain, la terre et l’eau, et la réparation des filières de production.

Concernant la production végétale, le ministère de tutelle entend garantir 750.000 tonnes d’engrais, avec une subvention de l’Etat, selon le type d’engrais, d’environ 80 à 100 dh. Il est aussi prévu de poursuivre le programme d’assurance contre la sécheresse.

Il s’agit d’instaurer une assurance agricole sur une superficie de 300.000 ha avec un soutien de l’Etat sous forme de cotisations à hauteur de 50%, d’une part, et la mobilisation d’une enveloppe financière de l’ordre de 120 millions de dirhams pour contribuer à l’indemnisation des agriculteurs en cas de sécheresse, d’autre part.

Au niveau toujours de la production végétale, le ministère de tutelle compte poursuivre le programme de soutien aux nouvelles technologies, la mise à niveau des canaux d’irrigation et le dédommagement des agriculteurs pour un montant global de 120 millions dh.

En matière de production animalière, il est prévu de poursuivre le programme relatif à la santé du cheptel et la réduction des taxes d’importation de produits servant pour le fourrage.

L’annulation de la dette de 100.000 agriculteurs est la principale mesure que le gouvernement a prise pour lutter particulièrement contre la sécheresse et redynamiser le secteur agricole en général.

En somme, un ensemble de mesures sont mises en place pour donner une bouffée d’oxygène à ce secteur. Seulement, sont-elles suffisantes en la matière ?

         

L'Opinion - Abdelilah CHANNAJE

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